J’ai réalisé des dizaines et des dizaines d’arbres généalogiques depuis les dernières années et il m’est apparut que les dispenses de consanguinité étaient courantes dans les actes de mariage. En fait, j’ai l’impression que c’est le cas mais en est-il vraiment ainsi ?
Combien de Québécois dont les ancêtres sont établis au Québec depuis plusieurs générations ont le couple de Zacharie Cloutier et de Xainte Dupont comme ancêtres ? Ce couple dont les descendants ont été très prolifiques semblent avoir peuplés une partie importante de la Nouvelle-France.
Je ne suis pas la seule à me poser la question puisque quelques minutes à fouiller sur le net me permet de retracer plusieurs recherches et articles sur le sujet.
En 2002, Marc Tremblay et Hélène Vézina du Groupe de recherche interdisciplinaire en démographie et épidémiologie génétique (GRIG) de l’UQAC présentent les résultats de leur recherche au congrès de l’ACFAS qui consistait à étudier la généalogie de plus de 2600 personnes choisies au hasard dans 26 régions du Québec afin de déterminer si les Québécois d’origine canadienne-française étaient tous parents à un certain moment dans l’histoire de la province.
Les résultats sont surprenants !
Tous les Québécois d’origine canadienne-française sont presque tous cousins. Des cousins éloignés bien sûr, mais cousins tout de même puisque plus de 95 % d’entre eux possèdent au moins un ancêtre commun
Mais dans quelle région du Québec le taux de consanguinité est-il le plus élevé ? Je vous entend déjà dire que c’est la région du Saguenay-Lac-St-Jean. Eh bien, ce n’est pas le cas !
Les degrés de consanguinité mesurés dans les différentes régions du Québec permettent en effet de démythifier cette image peu reluisante de la population saguenéenne qui a été galvaudée tant et plus. «Il est totalement faux de croire que la prévalence de certaines maladies génétiques au Saguenay est due à une forte consanguinité, tranchent Marc Tremblay et Hélène Vézina. La consanguinité observée au Saguenay figure parmi les plus faibles du Québec.» Les plus fortes consanguinités ont en effet été observées dans les régions de Charlevoix, de la Gaspésie et des Îles de la Madeleine. Suivies par la Beauce, Portneuf et Lanaudière, loin devant le Saguenay!
«La fréquence plus élevée de certaines maladies héréditaires rares et l’absence de certaines affections plus courantes au Saguenay ne s’expliquent donc pas par des unions entre proches parents, voire entre cousins, souligne Hélène Vézina. On l’attribue plutôt à l’apparentement éloigné, lequel relève de la structure et de l’histoire de la population et non pas à des habitudes sociales et culturelles particulières qui auraient influencé le choix des conjoints.»
Mais ne vous en faite pas ! Même si l’étude nous donnent l’impression que nos ancêtres se mariaient entre cousins germains ce n’était pas du tout le cas. L’Église n’encourageait pas du tout ce genre de pratique et même l’interdisait.
Mais cela arrivait quand même, même si c’est rare, et arrive encore aujourd’hui comme n’importe ou ailleurs sur la planète.
Même si au premier abord, les enfants ne seront pas nécessairement plus sujet à être porteurs de maladies génétiques rares, ils seraient désavantagés par rapport aux autres enfants.

Une réflexion sur “Sommes-nous tous cousins ?”